Simon et Virginia

Nouvelle écrite au cours de l’été 2006.

Virginia était une jeune fille seule et réservée. Elle n’avait que très peu d’amis. Orpheline depuis ses dix ans, elle vivait chez sa grand-mère, une vieille femme d’environ quatre-vingt ans. Toutes les deux habitaient dans une vieille maison éloignée de toute civilisation. Le seul moyen de s’y rendre était un petit chemin de poussière et de cailloux bordé d’herbes grasses et d’arbres qui se rapprochaient les uns des autres.

Il n’y avait ni Internet, ni télévision, tout juste un téléphone et une petite radio qui crachouillait les informations, la météo et des chansons des années 30. Une vieille deux chevaux décolorée servait de temps en temps à aller au village le plus proche, essentiellement pour faire des courses.

Virginia allait à l’école en vélo. Tous les jours elle parcourait une trentaine de kilomètres à travers les champs pour aller en cours. Elle avait pour seuls vêtements ceux que sa grand-mère lui faisait, ou ceux qu’elles avaient porté quand elle était une jeune fille. Ce qui ne fait pas bonne impression quand on va au lycée et qu’on a dix-sept ans.

Virginia était une âme pure, timide, croyante, naïve, polie. Au lycée, les profs disaient d’elle qu’elle était une jeune fille modèle. Ses camarades la regardaient bizarrement, surtout quand elle arrivait sur sa vieille bicyclette en portant une robe en crochet.

Elle n’avait jamais connu l’amour, elle n’avait jamais embrassé. Les garçons lui faisaient peur, et les filles encore plus. Elle n’y pensait même pas. Mais un jour il y eut un changement. Tout bascula quand Virginia tomba amoureuse de Simon. Il était beau, mauvais élève, coureur de jupons et violent. C’était le garçon le plus populaire du lycée et le plus convoité par les filles, même s’il avait une sale réputation. Il fumait, buvait et détruisait tout ce qui se trouvait sur sa route.

Virginia était peut-être un peu cruche mais surtout elle était très belle, et Simon se dit qu’il pourrait sûrement en tirer profit. Durant deux mois ils sortirent ensemble. Simon s’attacha à elle plus qu’il ne l’aurait imaginé. Il l’entraîna dans toutes ses aventures. Il l’incita à fumer, à boire, à se droguer, à voler. Il lui prit sa virginité.

Deux mois auparavant Virginia était une jeune fille fraîche, pure, innocente. Aujourd’hui elle était sale, terne, désabusée. Sa grand-mère ne la reconnaissait plus. La complicité qu’elles avaient s’était enfuie.

Une nuit d’hiver, alors que Simon et Virginia rentraient en moto d’une rave party. Simon, beaucoup trop ivre et défoncé eu un accident. Il fonça dans un camion. Virginia survécut par miracle, mais pas Simon. Une rage et une douleur dévorantes s’installa en elle.

Depuis la mort de Simon, Virginia n’allait plus en cours, et quand elle y allait elle cassait le matériel du lycée, brûlait les poubelles. Elle finit par être renvoyée. Alors elle se mit à errer un peu partout, à voler et à se prostituer pour pouvoir boire et se droguer. La nuit elle dormait au cimetière, à côté de la tombe de son amour disparu. Elle lui racontait ses peurs, ses souffrances, ses chagrins. Elle se scarifiait, gravant « SIMON » sur son coeur avec des ciseaux rouillés, dessinant des croix sur ses bras, ses jambes, son ventre. Elle se brûlait les doigts pour se sentir encore vivante.

Elle n’était pas rentrée chez sa grand-mère depuis un mois et elle continuait à pleurer toutes les larmes de son corps chaque jour et chaque nuit.

Un matin brumeux de novembre, Virginia décida d’arrêter de se détruire et elle rentra à la maison.

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